J’ai longtemps été timide, réservé, discret, celui qui fait ce qu’on attend de lui sans faire de vagues, et qui travaille dur. L’aîné d’une fratrie de six, élevé dans une culture où le devoir passe avant tout. On m’a appris à obéir, à faire passer les autres avant moi, à mériter ma place en me rendant utile.
Ma vocation n’est née qu’à l’issue d’un très long cheminement, où chaque expérience, chaque épreuve, m’a préparé à me lancer. Parmi les plus déterminantes, le premier déclic fut en 1993, lors de ma rencontre avec mon professeur de communication, qui a su voir au-delà du masque et m’a initié aux sciences du comportement. Mais ce sont deux épreuves de vie — un divorce en 2009 et la perte brutale de mon frère en 2010 — qui m’ont forcé à déconstruire le personnage que j’avais bâti.
Avant ça j’avais peur :
– Que ma dyslexie prenne le dessus, embrouille mes mots et me bloque.
– De ne pas être à la hauteur des attentes et décevoir ceux que j’aime.
– Dire ce que je pensais vraiment et d’être rejeté.
– D’affirmer mes envies et d’être incompris.
– De me faire remarquer et être le centre de l’attention.
J’ai donc dû apprendre à :
– m’exprimer avec clarté, même quand les mots ne venaient pas facilement
– faire les choses pour moi, pas pour répondre aux projections des autres
– dire ce que je pense sans chercher à tout contrôler
– reconnaître mes besoins et les assumer, même s’ils bousculaient
– me rendre visible sans me sentir en danger
C’est cette transformation personnelle, de la prise de conscience à la reconstruction, qui est aujourd’hui le fondement de ma pratique.